exposition salle Cuvier CHAPONOST 55 avenue paul Doumer le s 13 et 14 avri de 11h à 18h l
   

AFRIQUE

Aventure

L’Afrique noire, précisément le Sénégal marque de son empreinte l’œuvre et l’esprit de Chantal Hayette.

La rencontre a eu lieu en 1999, coup de foudre, l’absolu a envahi la palette, la toile et la pensée de l’artiste. Ce soleil sur les peaux, les tissus bariolés des femmes, sur la terre et le sable. Que de densité ponctuée par l’ombre offerte des baobabs.

La vue est attisée sans cesse par la foule kaléidoscope et le calme parfois trompeur de l’intérieur du pays.

C’est aussi le sentiment d’être spectatrice, la Femme blanche qui peint l’Afrique, l’attirance sans mesure laisse place à des émotions contradictoires. Ce continent permet-il la nuance ? Pourtant la « captive » est heureuse de l’être au point d’intégrer une matière du pays pour créer. Presque pour capturer à son tour un peu d’âme de ce lieu si mystérieux.
Mais un jour les personnages et paysages africains ont quitté le travail de Chantal Hayette. L’abstraction issue de cette période est toujours sous l’emprise magique du Sénégal. Les couleurs, les rapports entre les espaces, une chaleur obligatoire (qui aujourd’hui peut se retirer de temps à autre face à un choix de couleurs froides)…Il semble que regarder ou toucher une de ses œuvres c’est un peu sentir un choc, celui vécu par l’artiste au contact de ce continent. C’est aussi débuter un voyage sans destination prédéterminée. Aventure.
« La rencontre avec l’Afrique noire semble inscrite profondément dans votre œuvre, mais aussi en vous-même. »
-« Ce continent étrangement s’est incrusté en moi, entre fascination et crainte. J’ai eu un puissant choc émotionnel lors de la découverte de l’Afrique noire. Tout est entier, pas de demi-teintes. Tout est violent, après un magnifique coucher de soleil, la nuit tombe en quelques minutes, comme un couperet. C’est également la terre des contrastes. La foule des marchés, des villes et des fêtes puis les espaces apparemment « vides » de la savane.
Depuis 12 ans, nous habitons périodiquement à Warang un petit village de pécheurs. Ce pays m’a permis de me décanter d’a priori que j’avais sur l’Afrique. Mais une étape a compté pour mon évolution. Pendant six ans ma thématique était exclusivement africaine. J’ai exposé à Dakar et je me suis senti en manque de légitimité sous les regards de Sénégalais…mes personnages me sont apparus comme anecdotiques j’étais au seuil de mon aventure actuelle, l’abstraction.
Au Sénégal, je me ressource de plusieurs manières. Tout d’abord, adepte du Taï-chi-chuan et du Qi jong, je passe de longs moments à ces pratiques et à la méditation. Ceci à l’ombre d’un baobab, face à l’océan. Un autre aspect de l’Afrique a son importance dans ma façon d’être. Ce qui touche au paranormal m’intéresse. Je me sens en symbiose avec les traditions chargées d’animisme, de magie. Je suis même allée consulter un guérisseur africain. Je suis très imprégnée d’irrationnel, malgré une foi chrétienne très enracinée.
Je pars tous les matins, à la rencontre des pécheurs qui m’ont fait découvrir un produit de calfatage des pirogues, de leur fabrication. Je l’ai intégré dans mes toiles. J’aime aussi échanger avec les peintres locaux, qui pratiquent un « Art brut » avec tous les matériaux divers, glanés ici et là. Grand luxe, j’ai du temps, beaucoup de temps pour peindre.